Notes personnelles (suite) – 2ème volume du 22 janvier 1917 à la fin de la guerre.
22 janvier 1917
La Hérelle (Oise). Le froid redouble. On ose à peine sortir. Chacun se demande où nous allons aller. On parle vaguement que l’état-major va aux environs d’Epernay et qu’on y concentrera le régiment. Il court un tas de « décisions ».
jeudi 25 janvier
Nous recevons l’ordre d’embarquer à Montdidier à 10 h soir.
La plupart des voitures ne roulent plus. On est obligé de les remorquer, et d’en venir chercher d’autres. Nous y partons à 7 h du soir. Il fait un froid terrible ; les routes sont glissantes. A Montdidier, nous assistons à la fin de l’embarquement de la section de munitions. Le train part. C’est à notre tour à embarquer. C’est assez difficile en raison des voitures immobilisées. Des taubes viennent vers 11 h du soir jeter des bombes, sans dégâts. Nous devons partir à 2 h 28 ; on part vers 3 h ¼. Par Creil, nous arrivons à Pantin vers 9 h matin. Là nous devons recevoir une destination nouvelle : désillusion. Au lieu d’Epernay : c’est Neufchâteau. Et là, on recevra de nouveaux ordres. Où allons nous donc ?
Le train est en panne vers Emerainville (Seine et Marne au sud de Torcy). Bielle cassée. (C’est cependant une 3 100). Une heure ½ de retard. Installés en seconde avec Prato et Guillemeau, nous ne sommes pas trop mal. Vers 7 h du soir, halte repas à Mesgrigny-Méry (Aube). Distribution de café à laquelle j’assiste. Il fait un froid ! Puis départ. Nouvelle halte repas à Rimaucourt au nord est de Chaumont (après avoir passé à Troyes, Maranville à l’ouest de Chaumont). Pour ainsi dire impossibilité de dormir tellement il fait froid. A Liffol le Grand (sud est de Neufchâteau), la machine n’a plus d’eau. On en fait venir une de Neufchâteau. Arrivée à 11 heures. Peu d’arrêt. On se ravitaille puis nous repartons pour Thaon (Vosges au nord d’Epinal) où nous devons débarquer. On passe à Mirecourt ; près d’Epinal.
27 janvier
On arrive à Thaon vers 4 heures.
Nous débarquons mais le cantonnement est à environ 8 km. Châtel-Noméry. Nous y allons. La batterie arrive peu après. On est assez bien installé. Pays agréable, sur la Moselle. Usines.
Du 12 février au 22 février 1917
Je pars en permission le soir à 5 h 40 (de Charmes).
A Meaux, où j’arrive vers 5 h du matin, j’attends Marguerite, qui avec Suzanne et Madeleine arrivent à 11 heures. Nous continuons vers Paris où nous sommes à midi. Déjeuner. Taxi jusque la Porte de Vincennes. Tramway jusqu’au Perreux où Marguerite va maintenant habiter. 7bis rue des Comenceaux, une petite villa que j’ai louée et où Marie doit venir la rejoindre. Dès mon arrivée, je vais à la mairie afin d’y avoir du charbon, qui est très rare. Je cours partout et je trouve enfin du bois. On réussit tant bien que mal à se chauffer. Je trouve quelques boulets. Nous nous installons, mais la permission s’écoule vite ; trop vite.
Et le 21 février, je reprends à Nogent le train de 6 h ½ soir, puis à la gare de l’Est celui de 8 h soir qui me ramène à Noméry le 22 février à 11 h du matin.
dimanche 18 mars
Des groupes embarquent à la gare de Châtel.
lundi 19
Nous envoyons un détachement précurseur vers Epernay dit-on.
mardi 20
A 9 h matin, coup de téléphone de se tenir prêt. En effet, départ à 11 h. Il fait un temps épouvantable : tempête de neige. L’étape est assez courte ; par Charmes, Tantonville, Vézelise. Nous allons coucher à Selaincourt ( Meurthe-Moselle), petit pays région de Colombey les Belles.
Le lendemain, départ de bonne heure ; il fait froid. De nombreux convois de TU ( ?) se dirigent vers la Champagne. Incident en route : dans une descente, tracteur emballé. Le canon tombe sur le dos. Pas d’accident. On passe à Ligny en Barrois, joli pays. Nous cantonnons à Stainville (Meuse).
Le lendemain, départ. Route pittoresque. Par St Dizier nous gagnons Marolles (Marne – 3 km de Vitry le François). Partout des tombes, souvenirs de la bataille de la Marne. Nous avons 2 jours de repos en attendant la 3ème étape qui doit être longue : 110 km dit-on.
24 mars
Départ à 5 heures. Routes encombrées : par Sézanne, Montmirail, nous prenons la route de Château Thierry et cantonnons aux Coquerets (à quelques km au sud de Château Thierry).
dimanche 25
Départ à 11 h du matin. On devait aller vers Soissons, mais il y a changement : nous repassons à Montmirail et venons cantonner à Moussy (6 km au sud d’Epernay).
lundi 26
A 4 h du soir par une pluie battante nous partons : Epernay, Reims, Gueux où nous allons rester.
Les troupes arrivent de tous côtés. Cela rappelle Nubécourt ( ?) au moment de l’attaque de Verdun. Embouteillages sur les routes, boue, pluie. Le tableau est complet.
Le lendemain soir, nous prenons position entre Cauroy les Hermonville et Cormicy. Des renforts arrivent ; du matériel en quantité.
On attend l’attaque avec impatience, et l’espoir, que cela va être décisif. Mais le mauvais temps persiste. Routes dans un triste état. On tarde à déclencher l’attaque.
lundi 16 avril
Au matin, ça y est. Sur la gauche (Berry au Bac) et sur la droite (Auberives, Prosnes).Ça marche assez bien, mais en face nous avons un morceau dur à avaler : le fort de Brimont terrible adversaire. On prend Loivre, Courcy ; on approche du front, mais il se défend avec acharnement. Le temps a été contre nous ; l’accalmie renaît. Durera-t-elle longtemps ? Entre temps les boches ont bombardé Reims d’une façon abominable ; des incendies se déclarent. Le peu de civils qui y restent sont obligés d’évacuer. Nous changeons d’emplacement d’échelon pour venir route de Bouleuse. 2 jours après on nous fait encore changer pour venir dans un bois sur le route de Reims à Jonchery.
5 mai
La chaleur commence et devient de plus en plus accablante.
Je reçois une carte message de mon père qui me dit qu’ils sont en bonne santé.
Mme Duchesne rapatriée de Lonny me dépeint sur une longue lettre la triste vie dans les régions envahies.
Peu de changements depuis l’offensive, qui malheureusement, n’a pas réussi. Il y a eu des combats épouvantables mais pas de résultats.
A l’échelon les taubes viennent chaque nuit et bombardent la vallée de la Vesle (gares de Muizon, Jonchery, Prouilly, etc…).
21 juin
Au soir nous quittons, et sommes relevés. Par Gueux, Ville en Tardenois, nous gagnons Vincelles où nous allons au repos (à 2 km de Dormans). On y est assez bien installé.
lundi 25 juin
Je pars à midi en perm. de 24 h. Je fais une surprise en arrivant. Je passe ma journée du mardi à Nogent et en repars le mercredi par l’express de 8 h à Paris. Ces heures ont passé trop vite. Le 24 mai, on a opéré ma petite Madeleine. J’obtiens une permission de 4 jours.
Du 2 au 13 juillet 1917
Je pars en permission de 7 jours. Le 4 mon frère arrive. C’est la 1ère fois que nous nous voyons depuis le début de la guerre. C’est une grande joie de nous revoir. Ma permission s’écoule plus vite encore que d’habitude.
Je reçois avis que le groupe est parti pour la direction de Verdun. Cela m’ennuie.
vendredi 13 juillet
Je quitte, bien à regret ma famille. A 8h je prends à Paris l’express pour Bar le Duc où j’arrive à 2h.
Départ pour (ou par ?) le Varnimot ( ?) à 5 h ½. Je descends à Ramécourt et me dirige sur Juvrécourt (à l’est de Nancy) où devait être le groupe. Là on m’apprend qu’il est à Brabant en Argonne à 8 km de là. Fatigué, je me couche dans une écurie avec des fantassins.
14 juillet
Je gagne ce village où je trouve l’échelon. On est à 6 km des batteries. Village démoli. On est sous un hangar.
Au bout de 4 jours, nous en partons pour venir nous installer dans une forêt, non loin d’Autrecourt (sud est de Ste Menehould), d’une part, et Waly, d’autre part.
Le séjour y serait charmant, mais l’ennui me prend et pendant plus d’un mois ce sont des journées atroces.
Vers le 15 août
La batterie reçoit des obus asphyxiants. Nous avons une trentaine d’évacués. Ce sont des gaz qui brûlent la peau. Quelques uns sont bien touchés. Les boches avaient essayé par ce moyen d’empêcher nos tirs d’artillerie en vue de la préparation de l’attaque. Celle-ci a lieu quand même et réussit : la cote 304 et le Morthomme (au nord ouest de Verdun-entre Verdun et Montfaucon) sont dégagés.
De temps à autre, la batterie reçoit quelques marmitages sérieux qui ne blessent par bonheur personne.
4 octobre 1917
Relève de la batterie. Nous venons à Valcourt, petit village à 5 km de St Dizier (au Sud) où nous devons changer notre matériel de 120 contre du 145 mm. Je vois Coutant et Fédricq employés à Revigny (Meuse) en venant ici.
du 15 au 27 octobre
Je pars en permission. Que ces 10 jours passent vite. Courses tous les jours à Paris. Ma petite Madeleine est bien changée. Elle se dresse seule dans son lit et jacasse toute la journée.
Suzanne est bien gentille. Depuis qu’elle va à l’école (le 1er octobre) elle a du goût pour apprendre.
Malheureusement le départ arrive. Je rejoins le camp d’Halnicourt ( Hallignicourt) (à 2 km de Valcourt). Les pièces sont touchées. On apprend la débâcle en Italie. Que de bruits circulent ! D’autant plus qu’on y envoie des renforts.
20 novembre
Au matin, départ. Il est question d’aller vers Lure où vient de partir le 2/84. Le 4/83 est parti il y a peu de jours à Maxéville. Temps affreux tout le long du voyage : froid, pluie.
1ère étape à Bologne (Hte Marne au nord de Chaumont). Triste cantonnement. Des trains chargés d’anglais passent allant sans doute vers l’Italie. Le soir, dans une grange voisine, un tracteur prend feu. C’est la série, car à Halnicourt ( Hallignicourt) peu de jours avant notre départ un camion a brûlé également.
21 novembre
2ème étape Fays Billot, joli bourg. Réception cordiale. On y fabrique de la vannerie. Billets de logement.
22 novembre
Nous devons partir à 7 h pour Roye (à l’est de Lure) par Vesoul et Lure. Mais un ordre est arrivé la nuit. Nous devons nous diriger vers St Nicolas de Port (Meurthe et Moselle à l’est de Nancy). Est-ce un contrordre, une fausse manœuvre ou quoi ?
Nous passons par Vitrey, Jussey et par une route accidentée mais superbe l’été, longeant la Saône, nous arrivons à Darney (Vosges au sud est de Vittel). Gros bourg où la réception est tout à fait cordiale.
Nos pièces ne nous ont pas suivi. En passant à Corre (Hte Saône) l’une d’elle passe au travers du tablier d’un pont. Notre remorque se jette sur un arbre. Attelage cassé. Enfin la guigne noire. La batterie ne peut nous rejoindre et travaille à rétablir les dégâts.
22 et 23 novembre
Nous cantonnons donc à Darney. La batterie arrive le 23 au soir.
24
Nous partons et cantonnons à Tantonville dans la brasserie. Salles chauffées, couchettes.
25
Départ et arrivée à St Nicolas. Mauvaise impression ; il pleut. On trouve à peine à se loger. Location d’un bureau.
On doit rester là un moment.
C’est la petite ville, mais sans intérêt. On s’y ennuie. D’ailleurs, c’est simple, je m’ennuie partout de me sentir si seul et voudrais être près de ma femme et de mes deux petites. Va-t-on y passer l’hiver ? On le dit.
Cependant les officiers reconnaissent des positions. On dit que les boches, encouragés par la trahison russe, et l’armistice, massent des troupes sur notre front.
11 décembre
Les hommes vont travailler à construire une position, près de Manonviller (est de Lunéville). Je reste quelques jours à St Nicolas.
samedi 15 décembre
Départ des pièces et du reste des hommes. Je m’installe à Thiébauménil à 3 km de la batterie.
C’est un front bizarre. Pas de bruit de canon pour ainsi dire. Les villages près des lignes sont habités. On construit une position magistrale.
21 décembre
Nous déménageons le bureau pour aller à la ferme de Saulcy (entre Moncel et St Clément).
La neige tombe, puis il gèle. L’hiver se fait sentir rudement.
1918
1918 – Le 4 janvier
Je prends le train à Lunéville pour aller passer 3 jours à Nogent afin de régler quelques affaires.
Malheureusement, comme toutes les permissions, celle-ci se passe bien vite. Retour difficile ; neige, retard dans les trains.
14 janvier
On quitte la position de Manonviller pour revenir à Lunéville, caserne Stanislas.
On y est assez bien cantonné, mais c’est la caserne : consignes assez rigoureuses. Ville triste surtout à la tombée de la nuit où on ne voit par ci par là que les éclairs de lampes électriques portatives.
Des hommes s’en vont amorcer une position vers Remenoville.
2 février
Départ pour Baccarat. Le cantonnement y est assez difficile. Le 1er jour on loge tant bien que mal. Mais le lendemain matin, la batterie allant construire sa position à Reherrey (à 6 km de là au nord de Baccarat) on s’installe un peu mieux. Le pays est assez plaisant et doit être pittoresque en été.
Du mardi 5 au mercredi 20 février
Je pars en permission 10 jours. Je prends le train à Lunéville. A Paris, plus de correspondance pour Nogent par suite du retard des trains. Je suis obligé d’y coucher et le lendemain matin je gagne Nogent.
Plus que toutes, cette permission est passée bien vite, et c’est avec bien du chagrin que le mercredi 20 février, je reprends à Paris l’express de 20 h pour rejoindre Lunéville, la batterie pendant mon absence ayant pris position à Crillon. (Crion.)
jeudi 21
Arrivée à Lunévilleà midi ½. J’y retrouve tout le monde.
lundi 25
On quitte la position ; on doit retourner à Manonviller. Soudain, contre ordre.
mardi 26
Nous nous dirigeons vers Tantonville. Là, pas de cantonnements. On nous envoie à Ognéville (1 700 m de Vézelise), tout petit pays où on ne reste qu’1 ou 2 jours, le régiment devant, dit-on embarquer. Les percos courent : c’est la Champagne ; les Flandres, etc… On apprend au bout de 2 jours qu’il n’en est rien. Nous devons aller près de Neufchâteau en réserve de la 1ère armée. Le départ est fixé, puis, contre ordre dû au mauvais temps. Quelques jours après, le départ est annoncé à nouveau ; puis, contre ordre dû à l’état des routes et aux encombrements causés par les mouvements de troupe.
nuit du 8 au 9 mars
Les gothas vont sur Paris. Puis ils reviennent de temps à autre.
lundi 11 mars
Nous quittons Ognéville pour venir cantonner à Frébécourt (Vosges) à 5km de Neufchâteau.
Le cantonnement y est assez bien. Le séjour est agréable (paysage charmant ; vallée de la Meuse).
dimanche 17
Je vais à Domrémy (5 km de là). J’y visite la basilique et la maison de Jeanne d’Arc.
samedi 23 mars
A 7 h du matin, je prends le train à Frébécourt ; je pars pour une perm. de 3 jours à Nogent où Marguerite est souffrante.
Arrivée à Paris vers 4 heures. Devant la gare de l’Est, foule. On me dit que des gothas venus le matin ont lancé des bombes. Le métro, les trams, rien ne marche. Je vais à pied à la gare de la Bastille. Place de la République, débris de verre : des bombes y sont tombées.
J’attends à la gare et je n’arrive que vers 6 heures ½ causant bien entendu une agréable surprise.
Le soir, nous apprenons qu’il s’agit d’obus lancés par une pièce à longue portée (du 210).
Vers 10 h, alerte. Des gothas sont signalés, tirs de barrage. A minuit fin de l’alerte.
dimanche 24
La pièce tire de ¼ d’heure en ¼ d’heure ; le lundi, répétitions.
Le mercredi après-midi, une carte m’avertit que la batterie est partie de Frébécourt et cantonne à Courtisols (Marne – près de Châlons).
jeudi matin 28
Je reprends à Paris l’express de 8 h matin. Je descends en gare de Châlons. Les gothas venus l’avant-veille ont démoli le toit vitré ; la gare de marchandises ; une partie des établissements Mielle, et en ville presque des rues entières.
Me renseignant à la gare sur mon unité, on me dit : centre de ralliement, Is sur Tille. J’étais bien ennuyé, me doutant qu’ils allaient plutôt vers la Somme, car le 22 mars, les boches, fonçant sur les anglais, les forcent à reculer, et reprennent le terrain reconquis par nous en juillet 1916 avec tant de peine (Montdidier, Chaulnes, Nesles, Curlu, Ham, etc, etc…).
Je sors donc dans Châlons me demandant où aller, lorsque dans la rue, un homme du 85ème me dit que le groupe va passer incessamment au pont.
En effet, passe le 3ème groupe. On me dit que le 2ème est arrêté à l’entrée de Châlons. J’en suis bien heureux, car où les rencontrer ? (Courir pourtant n’est pas agréable). En effet, je les trouve à l’entrée de Châlons. Avec quel plaisir, je mange vite un morceau, car la colonne va bientôt repartir.
A 1 heure on démarre, traversée de Châlons ; maisons démolies. Ville triste. Les habitants s’en vont. Nous cantonnons à Fère-Champenoise, assez joli pays. Je couche chez Mme Nauthus (?) qui tenait un magasin de vin à Rimogne.
vendredi matin
Départ. Par Connantre, Sézanne, Esternay, Montmirail, nous arrivons à Nesles la Montagne (à 4 km de Château-Thierry). On cantonne dans des fermes où on arrive vers 7 h du soir.
samedi
A 9 h, départ. Par Château-Thierry, Viels Maisons, Lizy sur Ourcq (je passe à 3 km d’Etrepilly), Mareuil sur Ourcq. On vient cantonner à Betz (Oise sud ouest de la Ferté-Milon).
dimanche 31 mars
Jour de Pâques, départ à midi pour venir bivouaquer à l’entrée de Compiègne, dans la forêt. La ville est évacuée, soumise journellement aux bombardements des avions et même des pièces à longue portée. Nous couchons dans la forêt. Le matin vers 5h des avions boches survolent la ville.
lundi 1er avril
A 1 heure, départ. On passe à Clermont et nous arrivons à 8 h du soir à Noyers St Martin (Oise).
Des troupes arrivent de partout.
3 avril
On monte en position dans le village de La Hérelle où nous avions cantonné l’an dernier au sortir de la Somme.
7 avril
Nous quittons le village de Noyers pour installer l’échelon à la ferme de Gouy à 21,500 ( ?) de là.
8
Au matin, on apprend que dans la nuit, une pièce de la 4ème Cie a éclaté : pas de victimes, heureusement.
dimanche 7 Au soir, une trentaine d’obus de 133 sur La Hérelle. Pas de dégâts. Les boches sont non loin d’Amiens (vers Villers Bretonneux). Le mauvais temps continue.
mercredi 10 avril
Nous avançons l’échelon à la ferme de Morvillers (à 2 km d’Ansauvillers). Le beau temps a l’air de vouloir prendre. Quelques coups de main. Activité de l’artillerie de part et d’autre.
La 2ème section monte en position près d’une ferme à 1200 m de La Hérelle.
La 1ère section avance non loin du village de Plainville. Marmitages fréquents.
Vers le 15 mai
La chaleur prend fortement.
De l’artillerie arrive encore dans le secteur. Va-t-on attaquer ? On en cause.
Mais, le 27, on apprend que les boches ayant déclenché une attaque formidable entre Soissons et Reims ont réussi à percer le front et avancent. On dit que Cormicy et cette région où nous étions en batterie l’an dernier sont pris.
28 mai
Ordre de partir. A 6 heures du soir, la batterie s’étant rassemblée à la ferme de Morvillers dans l’après-midi, nous partons.
Peu après Clermont, ordre de bivouaquer sur le bord de la route. La nuit, les avions bombardent les gares et pays environnants.
mercredi 29
A 6 h du matin, départ : par Creil, Senlis, nous gagnons Betz où on doit cantonner. Mais vers 4 h ordre de partir de suite. Cela n’étonne pas, car les journaux annoncent que les boches ont pris Fismes, Bazoches, Ville en Tardenois, etc…Il y a contre ordre. Mais on reste sur le qui-vive.
jeudi 30
A 6 h, nous prenons la direction de Château-Thierry.
Mais peu après Mareuil sur Ourcq, le camion bureau a une panne assez longue. Pendant ce temps, la batterie avance et nous ne parvenons pas à la rattraper. En arrivant à Château-Thierry, fumées noires derrière la ville. Nous apprenons par la suite que c’est le parc d’aviation que l’on brûle. A Château, plus de civils. Par contre, circulation très difficile. Camions dans tous sens, pressés de passer. A grand peine, nous traversons le pont sur la Marne.
Vers la gare, malgré le motocycliste qui nous dit que la batterie est vers Crézancy, la commission auto nous donne l’ordre de nous diriger sur Montmirail. Nous savons pourquoi après : les boches essayaient à ce moment de passer la Marne à Mézy, à 2 km en face.
Des civils se sauvent en masse. Nous sommes bloqués 1 heure sur le pont au dessus de la gare de Château où les dernières machines et les derniers wagons sont attachés en hâte et filent vers Paris.
Le 40ème d’artillerie passe ventre à terre pour mettre en batterie. On éprouve un moment d’angoisse car on sent que le boche n’est pas loin. La route se dégage avec peine. Les voitures de toutes sortes marchent sur 3 rangs. Des ambulances chargées de blessés essaient de se faufiler.
Jusque Montmirail, il en est ainsi. Là pas de nouvelles du groupe. Ne sachant où aller, je suis le 3ème groupe qui va à Orbais. Là on apprend que le 2ème est à Condé en Brie. Mais on y va, et il en est parti pour Igny le Jard. Nous bivouaquons en pleins champs. La batterie arrive dans la nuit et prend position aussitôt, car les boches essaient de passer la Marne. On fait sauter les ponts. Enfin au bout de quelques jours, les boches réussissent à prendre dans Château-Thierry, la rive droite.
vers le 8 juin
Voyant sans doute qu’ils ne peuvent plus rien par ici, ils attaquent entre Montdidier et Noyon où ils n’avancent que peu. Puis vers la forêt de Villers Côtterets.
Vers le 1er juin, je vois Fernand Thierry dont la division s’installe à Igny. Mais 2 jours après, ils partent.
On est longtemps sans nouvelles. A Nogent, inquiétude très vive. Marguerite me demande s’il faut partir. Une sorte de panique règne là-bas.
Ici, beaucoup de malades et évacués. Fièvre, courbatures.
Echelons, forêt d’Igny le Jard.
Chaque jour on se demande ce que vont faire les boches.
Mis en batterie à Festigny. Bombardement du PC du groupe (forêt de Nesles le Repont). Un soir, une section vient mettre en position dans la forêt d’Igny le Jard. On a appris par un prisonnier que les boches cherchent à passer la Marne. Aussi, on est alerté presque chaque jour. La 2ème section vient rejoindre la 1ère.
9 juillet
Je pars en permission. Marguerite a été très malade. Je la trouve au lit, mais avec beaucoup de mieux.
nuit du 14 au 15 juillet
On entend de Nogent un violent bombardement et on voit vers le front les lueurs des canons. Le lendemain on apprend que les boches ont attaqué sur un front de 80 km de Château-Thierry à l’Argonne. Sur l’armée de Champagne, ils n’ont pu rien faire que de se briser. Entre l’Aisne et Marne, vers Villers-Cotterets il en est de même. Mais entre Château et Dormans, les boches traversent la Marne et occupent Courthiézy, Dormans, La Chapelle Monthodon, St Agnan, etc… Ils viennent à Nesles le Repont, Festigny. Puis ils s’élargissent en direction d’Epernay jusque Montvoisin (?). Leur but était de prendre Châlons, Epernay, et de ce fait Reims, et marcher sur Paris.
18 juillet
Mais, on les arrête et vers le 18, on contre attaque. Les boches reculent, repassent la Marne. Petit à petit se dégage la région de Château-Thierry, Dormans.
Malheureusement le 18, le Lieutenant Fabiani est tué près de l’étang d’Igny le Jard d’un éclat d’obus. L’aspirant Chassen (?) blessé grièvement à la jambe subit l’amputation et meurt aussitôt.
21 juillet
Peu à peu nos troupes retraversent la Marne. On parle que nous devons également le faire, quand le 21 juillet, notre batterie est désignée pour aller dans la Montagne de Reims à la disposition du 1ère CC.
Mise en batterie à Craon (Cran-de Ludes) de Ludes dans la forêt (Montagne de Reims). Site merveilleux. Echelon dans une ferme à Fontaine sur Ay (2km d’Avenay).
Des bruits de dissolution du groupe circulent. La 4ème batterie a versé ses pièces, usées.
En effet vers le 12 ou 13 août, la 3ème batterie est rattachée au 4ème groupe. La 4ème est désignée pour aller à Vincennes former une batterie du 90ème Commt. Quelle désillusion pour nous tous et surtout pour moi pour qui un séjour à Vincennes aurait été si agréable. Enfin, il n’y a rien à faire.
Par bonheur, la position est assez bonne. On n’a que 2 pièces. Donc, peu de tirs. La région est assez agréable. On souhaite y rester jusqu’à la mauvaise saison.
L’offensive commencée le 18 juillet se poursuit. Les anglais ayant en même temps attaqué sur leur front reprennent la région entre Amiens et Péronne, puis Péronne et avancent au-delà.
De notre côté, prise de Noyon, de Soissons, continuation de l’avance pour l’arrivée sur Anzin, prise de Ham, Chauny, Tergnier. On commence à avoir espoir que la fin de la guerre approche.
18 septembre
Relève de la batterie qui descend à l’échelon à Fontaine sur Ay.
19 septembre soir
Nous partons pour la Champagne. Point de direction : Tilloy-Bellay (route de Châlons à Ste Menehould).
20 septembre
Au matin, je vois le vaguemestre du 259ème d’artillerie. Mon frère est à 8 km environ, au camp des normands un peu plus loin que St Rémy-Bussy (route de Somme-Suippe). J’y vais l’après-midi et je passe quelques heures auprès de lui.
Le soir, occupation de la position entre Wargemoulin et Minaucourt. Concentration formidable d’artillerie de tous calibres. On s’attend à attaquer. Les routes sont sillonnées de convois.
22 au soir
Nous quittons Tilloy pour aller bivouaquer sur la grande route entre Auve et Gizaucourt. On est bien mal. De la poussière, puis de la pluie.
On s’attend chaque jour à l’attaque.
nuit du 25 au26 septembre
Enfin dans la nuit à 11 h du soir, déclenchement d’un tir d’artillerie épouvantable. La terre tremble. C’est un vacarme indescriptible. A 5 h du matin, l’infanterie sort mais le canon grondera sans arrêt toute la journée.
Dans l’après-midi on apprend que ça marche. C’est dur, mais on avance : prise de la main de Massiges, de Tahure. A droite, les américains prennent Montfaucon, Varennes. Chaque jour apporte de nouveaux succès. Malgré les défenses formidables accumulées par l’ennemi depuis 4 ans, on avance.
Prise de Sommepy, Gratreuil, Fontaine en Dormois, Tahure, Ripont, Rouvroy.
Le lendemain, on entre dans les Ardennes : prise d’Aure, Manre.
Enfin, depuis 4 ans, on met les pieds dans notre malheureux département. Nos parents doivent entendre le canon de la délivrance. Quelle joie si c’était bientôt. Petit à petit, les gains s’accroissent : Ardeuil, Séchault, Bouconville. Les américains poussent jusque Brieulles sur Meuse, prennent Apremont, Exermont.
3 octobre
On apprend la prise de St Quentin par les anglais.
30 septembre
Nous quittons la route de Ste Menehould pour aller en avant, bivouaquer à Hans.
2 octobre
Les pièces descendent de la position, et le 3 au soir, nous partons à Coole (non loin du camp de Mailly). Triste pays. Mauvais cantonnements.
Les percos commencent à circuler : on parle de l’Italie ou de l’Est.
dimanche 6 octobre
Brusquement, à 1 h ½ après-midi, ordre de partir immédiatement pour Vitry, Châlons, les Grandes Loges, Septsaulx. Nous arrivons près de Prosnes dans un terrain bouleversé par les obus. Le journal du jour nous avait appris la prise d’Auberive, Vaudericourt, Dontrien, puis l’évacuation par les boches, des « monts » (massif de Moronvilliers, forts de Nogent l’Abbesse, de Berru). Reims dégagé et un recul des boches sur un front de 35 km de Bermericourt à Betheniville.
Enfin l’Allemagne, l’Autriche et la Turquie offrent l’armistice, la Bulgarie ayant depuis 8 jours déposé les armes.
7 octobre
Mise en batterie près de Pontfaverger. Prise de St Etienne à Arnes, Isles sur Suippe, Boult sur Suippe.
La ligne allemande « Hindenburg » craque de toutes parts et est enfoncée.
10 octobre
Prise de Cambrai. 15 000 prisonniers. Quelques heures après l’entrée des anglais dans la ville, des explosions un peu partout et des incendies. Ce sont les machines infernales laissées par les boches.
Chaque jour de nouveaux pays sont délivrés. Sur la rive droite de la Meuse, les américains avancent. Prise de Liry, Monthois, Challerange, Grandpré.
12 Octobre
Les français entrent dans Vouziers. Prise d’Asfeld, Vieux les Asfeld. Laon commence à se dégager.
Les boches répondent à Wilson qu’ils acceptent ses conditions, mais demandent une commission pour régler l’évacuation.
13 octobre
Prise de Laon (armée Mangin)- On y trouve 6 500 civils - et de La Fère.
15 octobre
Départ de l’échelon (« la plaine »), pour revenir cantonner à Coole, ce si vilain pays où on ne trouve pas à s’installer. Il fait froid à travailler dehors.
18 octobre
8 h, on apprend la prise de Lille, Douai, Ostende et Bruges.
19
Celle de Roubaix, Tourcoing, Wassigny.
20
Les belges occupent Zeebruge, base de sous-marins boches. Prise de Denain.
21
On est à 5 km de Valenciennes, 3 de Tournai et 10 de Gand.
Vers les Ardennes, la lutte devient âpre et dure. On avance très peu.
Je reçois une lettre de Balba, soldat lorrain, qui a cantonné à Lonny, et qui, ayant déserté et passé en France, me donne des nouvelles de mon père et de la vie à Lonny. A sa lettre est joint un petit carton portant écrit de la main de mon père l’adresse de Mme Boutte. L’impression de joie que m’a fait ce carton est indescriptible : plus de 4 ans que je n’ai pas revu son écriture.
Je lis avec peine les détails sur la triste vie que l’on mène dans les pays envahis.
samedi 26 octobre
A 7 h ½ soir, départ de Coole. Par Châlons et St Etienne au Temple, on arrive au camp de Montivet près de Suippes où on bivouaque.
dimanche soir 27
8 h départ. Par Souain, Sommepy, ferme de Médéah, on arrive vers 3 h du matin au lieu-dit « Busy » en plein bled au bord de la route de Suippes à Vouziers.
Je revois avec tristesse, les ruines de Souain, déjà vues en 1915.
La traversée des lignes boches fait peine à voir. C’est un bouleversement, une suite de tremblements de terre. Un chaos innommable. Les arbres qui bordent la route sont rasés par les obus ; des cimetières dans les champs. Par endroits, les boches ont fait exploser des mines sur la route ce qui fait que l’on est obligé de se détourner pour passer.
La route est assez bonne.
A Sommepy, il ne reste plus rien ; on voit les vestiges d’un passage à niveau, mais plus de gare. A un endroit, nous sommes obligés de quitter la grande route et de faire un coude par Semide, car les boches ont fait sauter un pont au-dessus d’une ligne de chemin de fer à voie normale qu’ils ont établie et les travaux de reconstruction ne sont pas encore terminés.
On arrive à Semide par une forte descente. Pays à peu près démoli par nos avions. C’est une infection ; une puanteur.
A la sortie du village, un camp de prisonniers français.
Les boches avaient construit la grande gare. Partout du reste, des lignes de chemin de fer longent ou traversent les routes.
28 octobre
Des avions boches lancent des proclamations où le peuple allemand demande la paix, en cédant aux desiderata de Wilson.
Le soir on apprend que l’Autriche demande la paix séparée.
Petit à petit, nous gagnons du terrain, sauf en face où c’est dur, mais d’ici quelques jours, il y aura peut-être du changement. On se met en batterie à Coulommes.
1er novembre
Vers 3 h du matin, déclenchement d’une intense préparation d’artillerie entre Vouziers et Attigny. Prise de Rilly aux Oies, Semuy et Voncq, Falaise et Primat. Les américains prennent Landres St Georges, Imécourt, Landreville, Bayonville, Remonville, Andevanne, Clery le Grand.
Dans le nord, prise d’Audenarde (Belgique).
La Turquie signe l’armistice.
Révolution en Autriche
Les Italiens battent les Autrichiens.
2 novembre
Prise de Valenciennes.
En Champagne, prise de Semuy, Quatre-Champs, La Croix aux Bois, Ballay, Longwé.
Les Américains prennent Champigneulles, Beffu le Morthomme, Verpel, Sivry les Buzancy, Thenorgues, Briquenay, Buzancy, Villers dt Dun, et Cléry petit, menaçant la trouée de Stenay.
Les Italiens dénombrent plus de 1600 canons et plus de 80 000 prisonniers.
L’Autriche demande l’armistice.
Bruits d’abdication du Kaiser.
4 novembre
L’Autriche ayant accepté l’armistice, les hostilités sont suspendues sur le front italien.
Bilan de l’armée italienne : 300 000 prisonniers et 5 000 canons capturés.
Les conditions de l’armistice sont dures. Elles comportent entre autres la libre disposition par les alliers des chemins de fer autrichiens ce qui va permettre l’invasion de l’Allemagne par la Bavière.
Les français et anglais attaquent sur plus de 40 km, prennent Landrecies et encerclent Le Quesnoy. 13 000 prisonniers, 200 canons.
Sur le front d’Argonne nous occupons la rive sud du canal des Ardennes entre Semuy et Le Chesne. L’ennemi résiste vigoureusement sur la rive nord.
Les Américains prennent La Neuville en face Stenay, Les Grandes Armoises, et tiennent la ligne Sedan-Longuyon-Conflans sous leurs feux.
5 novembre
Prise de Le Quesnoy, Guise, Château-Porcien, Dun.
L’ennemi bat en retraite de la Sambre à l’Argonne.
La 1ère armée (Gal Deberrey) fait 4 000 prisonniers et prend 60 canons.
Prise d’Herpy, Condé les Herpy, Montgon, Le Chesne, Louvergny, Sauville.
Les Américains traversent la Meuse à Dun, prennent Liny dt Dun, Milly, Beaumont, Létanne.
A Beaumont, 500 civils français.
La ligne de Sedan-Metz est à certains endroits à 8 km d’eux.
Prise de Yoncq, La Besace, Stonne.
Prise de 51 canons soit plus de 150 depuis le 1er novembre.
6 novembre
Les boches « décollent » de Rethel à Attigny et battent en retraite. Inondations au dessus de Vouziers.
La batterie qui devait prendre position au-delà de Vouziers descend à l’échelon.
On annonce que des parlementaires allemands vont traverser nos lignes pour venir prendre connaissance de l’armistice préparé par les Alliés.
En attendant, nos troupes poursuivent les boches.
7 novembre
Prise de La Capelle.
En face, nous tenons la ligne Signy l’Abbaye-Wagnon-Viel St Rémy-Mazerny-La Horgne avançant de plus de 16 km au nord de l’Aisne.
Dans la vallée de la Bar, nos éléments avancés dépassent St Aignan s/Bar et prennent pied au sud de la Meuse sur les hauteurs qui dominent Sedan.
Les Anglais avancent toujours.
Les Américains prennent la partie de Sedan située rive ouest de la Meuse.
Les plénipotentiaires boches traversent les lignes et se rendent au QG du Maréchal Foch.
La révolution se soulève en Allemagne.
8 novembre soir
Départ de l’échelon (Bussy) pour venir cantonner à Dampierre au Temple, puis St Hilaire au Temple. Nuit noire ; pluie. Nous retraversons les anciennes lignes par Sommepy et Souain.
Foch signifie aux parlementaires les conditions de l’armistice et leur donne 72 heures pour accepter.
La République est proclamée en Bavière.
Les socialistes allemands demandent et exigent l’abdication du Kaiser.
La marine allemande se révolte. Le prince Henri frère du Kaiser prend la fuite.
Prises d’Avesnes, Hautmont. On atteint Liart-Singly-Frénois et le faubourg de Sedan-ligne entre Origny et Liart. Nous prenons la Meuse de Mézières à Bazeilles.
L’ennemi abandonne des canons et du matériel.
Les Américains éjectent les boches dans la plaine de Woëvre.
Prise de Liry, Ecury, Breheville, Damvilliers, Flaba.
Le Kaiser refuse d’abdiquer.
9 novembre
Grande nouvelle. Guillaume II abdique ; le Kronprinz renonce au trône.
Les parlementaires envoient un courrier en Allemagne. Celui-ci atteint Spa avec mille difficultés. Glageon-Fourmies-Hirson-Anor et St Michel sont pris.
Prise de Signy le Petit.
Nous atteignons la voie ferrée de Mézières à Hirson, près de Maubert-Fontaine.
Nous longeons le cours de la Sormonne. Nous avons abordé et entouré Mézières et Mohon et franchi la Meuse à hauteur de Lumes.
La révolution éclate en Allemagne.
Constitution d’un gouvernement républicain à Munich.
Comité de Salut Public à Francfort.
Le Duc de Brunswick abdique.
A 9 h soir, nous apprenons par radio que le gouvernement allemand donne tous pouvoirs aux parlementaires pour signer l’armistice.
11 novembre Nous apprenons que c’est chose faite et que les hostilités doivent cesser à 11 h 55. Le roi de Wurtemberg prend la fuite.
L’ex-kaiser se sauve en Hollande.
10
Les arrières gardes ennemies ont résisté à notre avance. Nous dépassons la Sormonne, prenons Sormonne et atteignons la route d’Hirson à Mézières au sud de Renwez.
Malgré la résistance des boches, nous prenons Maubert et atteignons à 4 km de là les Rièzes de Maubert ainsi que les hauteurs au n.e. de Sévigny la Forêt.
Le corps italien prend le Tremblois et Rimogne, pénètre dans le bois des Potées et le bois d’Harcy poussant avec vigueur en direction de Bourg-Fidèle.
A l’ouest de la Meuse nous progressons au nord de la ligne Renwez-Montcornet et Arreux-Damouzy-Belair.
Enfin, après 4 ans passés, mes parents sont délivrés.
Ce n’est pas sans émotion que j’ai lu ce communiqué du 10 novembre. Quand aurai-je de leurs nouvelles ? Je souhaite le plus vite possible, car, pour le dernier jour de cette maudite guerre, la bataille a été violente là.
N’était-ce pas assez pour eux de 4 années de souffrances et de privations et fallait-il encore qu’ils se trouvent au milieu de l’affreuse mêlée.
En Woëvre, les Américains atteignent les lisières sud de Stenay, et les bois de Baâlons.
Prise de Gibency ?, Abaucourt et Grimaucourt, Mancheville, St Hilaire et le bois de Danmartin.
La révolution déchaîne dans l’Allemagne entière.
La république est proclamée à Darmstadt (Duché de Hesse).
Le 11 novembre, 1561ème jour de la guerre, marque la fin de ce terrible carnage qui n’a aucun précédent dans l’histoire.
Les conditions de l’armistice imposées à l’Allemagne sont formidables. Elles ne le sont pas trop pour un pays qui n’a jamais reculé devant les moyens les plus barbares et les plus sauvages pour essayer d’écraser la France.
Pendant 4 ans passés, nous avons souffert, mais nous avons tenu.
L’heure de la vengeance a enfin sonné.